L'histoire du blason de Colmar

Extrait : Armorial des communes du Haut-Rhin, Colmar 1963

 

COLMAR
CHEF-LIEU DU DEPARTEMENT

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Parti de gueules et de sinople, à la masse d'armes d'or perte en barre brochant sur la partition.

 

Planche II, 2 et 3

Les armoiries de Colmar qui selon toute vraisemblance sont dues à un rapprochement entre Kolben, la masse d'armes, et Columbaria, le nom latin de Colmar, apparaissent sur le plus ancien sceau de la ville de Colmar utilisé en 1214 sous la forme de trois manches munis de boules posés en pal au-dessus du léopard des Hohenstaufen. 

Depuis 1425, date à laquelle Colmar acquit l'office du Schultheiss qui présidait le tribunal, la masse d'armes figure sur le sceau du tribunal. A la fin du XVe siècle, ce blason est représenté avec ses émaux sur un des vitraux de la Décapole. Le champ est d'argent diapré, la masse, posée en bande, est de sable tandis que les pointes sont de gueules. Le manche est tantôt droit, muni d'une poignée, tantôt courbé et s'élargissant vers le bas - le meuble héraldique imite alors la forme d'une comète - tantôt il prend l'aspect d'une tige sectionnée et évidée à sa base. 

Lors de la confection de l’Armorial général sous Louis XIV, on combina les anciennes armes avec le rouge et le vert, couleurs de la ville utilisées notamment pour les habits de livrée du personnel municipal. 
D'autre part, conformément à une interprétation populaire, le meuble héraldique y est indiqué comme étant une molette d'éperon. La masse d'armes reprend sa place dans la confirmation officielle des armoiries de la ville du 10 mai 1820 qui, pour le reste, suit l’Armorial général.

 

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Colmar est titulaire de la croix de guerre 1914-1918 avec palme (citation à l'ordre de l'Armée du 5 octobre 1922) et de la croix de guerre 1939-1945 avec palme (citation à l'ordre de l'Armée du 30 juin 1948).
 
 Sources : 

  • Sceau de 1214 (Archives départementales du Haut-Rhin, H, fonds de Pairis, carton 9, 1). 
  • Sceau de 1429 (Archives de Colmar, DD 168, 9); 
  • mention de la masse d'armes (Kolben) en 1471 dans le «Neues Rotbuch» de Colmar (Archives de Colmar, BB 44, p. 103); 
  • vitraux de la Décapole, aujourd'hui au musée d'Unterlinden ; 
  • brevet d'armoiries du 22 novembre 1697 (B B 28 et Arm. gén., p. 288, n° 384); 
  • nombreuses pierres-bornes du XVe siècle sur les limites du ban de la ville.
  • bibliographie : André waltz, Sceaux et armoiries de la ville de Colmar dam Annuaire de la société historique et littéraire de Colmar, t. 11 (1961), p. 7-24.

 

La légende de la massue dans les armoiries de Colmar

 

"Par la volonté de la jalouse Junon, le héros et demi-dieu Hercule s’était pour douze ans engagé au service d’Eurystheus. Sur l’ordre de celui-ci, il avait déjà accepté de courir les risques de plusieurs aventures en Orient d’où il était heureusement sorti. Il s’agissait maintenant pour lui de s’en aller vers l’Occident pour chercher dans l’île d’Erytheira (Gadeira ou Gadès) près de la côte d’Espagne, les boeufs de Geryones, le géant aux trois corps, dont le troupeau était gardé par Orthros, le chien à deux têtes, et par le géant Eurytion. Hercule sortit encore heureusement de cette aventure. Eurystheus consentit à lui laisser la propriété du troupeau qu’il réclamait, à condition qu’il parcoure chaque jour, sans exception, avec son troupeau un itinéraire déterminé de vingt milles.

Hercule accepta cette condition et au prix de mille aventures, il fit passer son troupeau par les Pyrénées et les montagnes de la Gaule du Sud. Il franchit les plus hauts sommets des Vosges par la route qu’avait déjà suivie Bacchus au temps où il avait enseigné aux Triboques l’art de planter la vigne. Hercule redescendit dans la belle vallée du Rhin jusqu’à Argentovar, aujourd’hui Horbourg, où il arriva en soirée. Las, il voulut se reposer des fatigues de sa route, mais un moment seulement, car il n’avait pas achevé les vingt mille imposés.

Il reprit des forces en avalant quelques coupes du meilleur vin d’Alsace, mais notre héros si fort trouva dans ce vin plus fort que lui encore, et il s’endormit. S’étant enfin réveillé, il se releva d'un bond et repartit en vitesse pour tâcher de rattraper le temps perdu. Mais il ne réussit pas à atteindre Bâle, but de sa journée. De plus, dans sa hâte, il avait oublié d’emporter le terrible outil, le fidèle instrument de ses exploits, sa massue.

Longtemps, cette massue fut conservée comme souvenir et comme témoin de la présence du demi-dieu en Alsace. Plus tard, quand la belle ville de Colmar s’éleva entre les eaux de la Thur et de l’Ill, on mit la massue d’Hercule dans ses armoiries où elle brille encore aujourd’hui sur champ rouge et vert, surmontée d’une couronne de murailles.

L'histoire ne précise pas quel vin fut servi à Hercule. Il en existe tellement de bons autour de Colmar que les candidats sont nombreux. Malheureusement, les essayer tous reviendrait à prendre un bon coup de massue sur la tête. Pas sûr que nous nous en remettrions aussi bien qu'Hercule !"

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